Les origines du motif Vitralo

Nov 04 2021

Dans cette série, je vais revenir sur l’histoire des motifs de nos foulard en soie et en coton. Chaque motif est une création aux multiples origines. Vous parler d’un motif, c’est aussi vous décrire une émotion créative

Aujourd’hui, je vais vous raconter la genèse du motif Vitralo. Disponible en plusieurs coloris sur notre boutique, c’est avec une grande passion que j’ai dessiné ce foulard et je suis ravie de constater le fort engouement que suscite ce motif.

Panneau de grisaille provenant de l'église abbatiale de Saint-Denis

Inspiration

Toute visite de musée est source d’excitation créative et un objet exposé peut spontanément être exploité dans une production artistique. Ce phénomène a été déclenché en explorant le musée de Cluny dédié au moyen Age à Paris, à la vue d’un petit vitrail d’une étonnante facture. De quarante-deux centimètres sur soixante-quatre, son cartel annonce « qu’il est un exemple de l’usage du jaune d’argent, une teinte appliquée sur la surface du verre sans nécessiter de plomb supplémentaire » ce qui explique sans doute la souplesse du motif. « La peinture ornementale à motifs d’églantines, dans lesquels se mêlent quelques fleurs de lys (armoiries des rois de France), entoure un petit personnage grotesque. Cette fantaisie rappelle le décor des marges de manuscrits enluminés, un art très en vogue à Paris au début du 14eme siècle » précise toujours le cartel.

Sa luminosité, son harmonie jaune et grise encadrée de noir, ses formes souples loin de l’image que l’on se fait de l’art verrier, et ses petites fleurs fines et stylisées, m’ont accroché l’œil, autant que l’amusant personnage du centre.

Le processus artistique

Il ne me restait plus qu’à exploiter ce document en l’actualisant et le modernisant. C’est un exercice toujours passionnant à accomplir avec les documents anciens. Il fallait de plus l’adapter au format carré de quatre-vingt-dix centimètres de largeur afin qu’il devienne un foulard.
Pour le premier essai je suis partie sur une échelle de motifs trop petits et trop serrés. Je me suis ravisée en redimensionnant les carrés et en laissant certains sans fleurs pour plus de légèreté. Dans ma première composition j’ai voulu reprendre la couleur « jaune d’argent » qui seyait tant au vitrail mais qui m’a semblé trop terne à l’encre, comme on peut le voir sur le bout d’essai et sur la maquette commencée à la mauvaise échelle.
Le petit personnage central a ensuite été transformé en sorte de sirène.
Une fois tous les choix faits un calque du dessin précis est exécuté avant d’être reporté sur le papier à l’aide d’une table lumineuse et être mis en couleurs au pinceau et à l’encre.

La finalisation

C’est le rose tyrien que j’ai choisi réaliser pour réaliser cette maquette finale. Elle est ensuite partie sous forme de scanner chez l’infographiste qui s’occupe de la séparation numérique des couleurs en vue de l’impression et afin de rendre possible la recherche de différentes colorations. Cinq calques ont été créés, dont un pour le fond qui ne sera pas utilisé pour la première production puisque tous les fonds de Vitralo sont restés blanc de la couleur du tissu.
Le noir a été supprimé de toute la collection. J’ai ensuite fait les colorations des trois variantes à l’aide de la gamme Pantone afin d’utiliser la même langue pour communiquer avec l’imprimeur. La mise au point des colorations en est facilitée même si elle reste un travail important pour terminer la conception d’un nouveau foulard. Une fois imprimé, fixé et ennobli de petites mains expertes viendront en roulotter les bords pour une finition traditionnelle et exceptionnelle.